Au clair de la lune, Mon ami Pierrot... Mais, amusons-nous !... Est-ce bien Au clair de la lune ? » Dâaucuns estiment que câest au clair de la lume » quâil faut dire et nous nâhĂ©sitons pas Ă dĂ©clarer que nous nous rangeons Ă leur opinion. Lume, pour lumiĂšre, du latin lumen ». Ce qui rend cette hypothĂšse fort admissible au demeurant, câest que lune ne rime pas avec plume, alors que lume, au contraire, rime fort congrĂ»ment, et câest lĂ tout de mĂȘme une raison valable car si la chanson ne tĂ©moigne point dâune richesse extraordinaire qui lâapparente aux productions parnassiennes de ThĂ©odore de Banville, de Leconte de Lisle et de JosĂ© Maria de Heredia, on nây relĂšve pas, par ailleurs, des libertĂ©s aussi hardies. Au bon vieux temps » on ne sacrifiait pas, en poĂ©sie, aux simples assonances, comme on le fait aujourdâhui. Or, la chanson dont il sâagit, remonte au bon vieux temps ». Nâinsistons pas. Lume ou Lune, câest la chanson populaire depuis prĂšs de trois siĂšcles [nous sommes en 1925], qui est en cause, et non une petite particularitĂ© dâordre poĂ©tique. Et si cela peut ĂȘtre agrĂ©able Ă M. Tout-le-Monde, ou mĂȘme seulement Ă M. Presque-Tout-le-Monde, acceptons sans plus Au Clair de la lune ». Est-ce Lubin, est-ce Arlequin il y a deux versions, comme pour lume et lune Ă qui est advenue la fĂącheuse aventure ayant Ă Ă©crire un mot, de constater que sa chandelle est morte et quâil nâa plus de feu » ? Lubin â ou Arlequin â sollicite Pierrot dâouvrir sa porte et de prĂȘter sa plume. Et Pierrot, qui est au lit, ne se veut point dĂ©ranger, aussi engage-t-il le solliciteur Ă sâadresser Ă la voisine, qui doit ĂȘtre chez elle, puisque dans sa cuisine, on entend battre le briquet. Lubin â ou Arlequin â suit le conseil et prie la voisine de le vouloir bien accueillir au nom du dieu dâamour ». Et la voisine se laisse aisĂ©ment attendrir, car la chanson nous apprend, sans nous fournir dâautres dĂ©tails prĂ©cis, que la porte sur eux se ferma ». Qui est lâauteur de ces paroles ? Un inconnu. On ne sait rien de plus. Mais, lâauteur de la musique ? On attribue la musique Ă Lulli â sans preuves certaines, il est vrai... car on ne sâappuie guĂšre que sur des probabilitĂ©s admissibles. La musique serait donc de Lulli, de Lulli jeune, de Lulli Ă lâĂ©poque oĂč il Ă©tait simplement marmiton il a Ă©tĂ© marmiton, lâauteur de la Marche de Turenne ». Elle ne date pas du temps oĂč le maĂźtre composait des opĂ©ras et de la musique pour les piĂšces de MoliĂšre et les ballets de la Cour de Versailles, du temps oĂč Lulli Ă©tait surintendant de la musique du Grand Roy ! Il ne nous appartient pas dâaffirmer catĂ©goriquement que la mĂ©lodie est â ou nâest pas â de Lulli, pour ce motif dâailleurs suffisant que nous ne pourrions baser notre assertion dans un sens ou dans lâautre, sur des tĂ©moignages et des documents irrĂ©futables. Reconnaissons, simplement, que la musique est charmante en sa grĂące un peu mĂ©lancolique, en sa naĂŻvetĂ©, en sa simplicitĂ©, de mĂȘme que les paroles sont pleines de fraĂźcheur et de dĂ©licate ingĂ©nuitĂ©. Cette mĂ©lodie a servi de thĂšme Ă des variations » pour piano tout Ă fait rĂ©ussies, dues au compositeur Lucien Lambert. Lesdites variations » ont obtenu, il y a une quarantaine dâannĂ©es, un vif succĂšs auprĂšs des exĂ©cutants â dâune certaine force, car elles ne sont pas trĂšs, trĂšs faciles Ă jouer, et surtout Ă bien jouer ! Dans un de ses opĂ©ras-comiques â qui nâest pas la plus populaire de ses Ćuvres â Ă cause de la Dame Blanche, Boieldieu [François-Adrien Boieldieu 1775-1834] a intercalĂ© des variations » pour chant sur Au clair de la lune, qui atteignent tout bonnement Ă la perfection dans le genre. Les personnes qui ont entendu â au Trianon-Lyrique, par exemple â, les Voitures versĂ©es, de Boieldieu, ne me contrediront pas, jâen ai la conviction. Et voilĂ pour Au clair de la lune â ou de la lume â paroles de X..., musique de Lulli, Ă moins quâelle ne soit pas de Lulli !
Nonmais franchement, au premier abord, vous ne les trouvez pas dĂ©biles, vous, ces paroles? Le premier couplet, dĂ©jĂ , nâa aucun sens. Au clair de la lune, mon ami Pierrot. PrĂȘte-moi ta plume, pour Ă©crire un mot. Ma chandelle est morte, je nâai plus de feu. Ouvre-moi ta porte, pour lâamour de Dieu.
Vers lâan 1650, on voyait Ă Paris, Ă lâun des angles dâun carrefour peu Ă©loignĂ© de Saint-Eustache, une pĂątisserie dâassez pauvre apparence, tenue par un certain CrĂ©pon, excellent homme, mais trĂšs mĂ©diocre pĂątissier. Il est vrai que sa profession Ă©tait le moindre de ses soucis, et quâil lui prĂ©fĂ©rait de beaucoup une occupation dâun genre tout diffĂ©rent ; ce quâil exprimait lui-mĂȘme par ces deux mĂ©chants vers, quâil se plaisait Ă rĂ©pĂ©ter Tout homme de bon goĂ»t et de bon sens estime,Quâaucun pĂątĂ© ne vaut une excellente rime. CâĂ©tait donc au talent de rimeur que prĂ©tendait lâhonnĂȘte pĂątissier, et il Ă©tait parvenu Ă rimer, sinon bien, du moins trĂšs facilement, en sorte quâil parlait en mauvais vers presque aussi vite que lâon parle gĂ©nĂ©ralement en prose. Mais ce succĂšs lui avait coĂ»tĂ© cher ; car sa manie lâavait peu Ă peu conduit Ă la misĂšre. Au clair de la lune. Chromolithographie publicitaire du XXe siĂšcle pour lâalcool de menthe RicqlĂšs Pour rien au monde, il nâeĂ»t donnĂ© Ă un de ses garçons un ordre ou une explication qui ne fĂ»t en vers, et, si lâexpression exacte de sa pensĂ©e ne pouvait aisĂ©ment sâaccorder avec la mesure ou avec la rime, CrĂ©pon, trĂšs humble esclave de lâune et de lâautre, plutĂŽt que de se soustraire Ă leurs exigences, sacrifiait sa pensĂ©e et disait tout autre chose que ce quâil voulait et devait dire. De lĂ des malentendus qui, mĂ©contentant ses clients et dĂ©courageant ses garçons, finirent par Ă©loigner les uns, chasser les autres et faire de sa pauvre pĂątisserie une parfaite solitude. Il est vrai quâune clientĂšle dâun autre genre ne tarda pas Ă remplacer celle que CrĂ©pon avait perdue ; mais pour bien comprendre ceci, il faut que nos lecteurs sachent que, vis-Ă -vis la boutique du pĂątissier, se trouvait lâĂ©choppe dâun Ă©crivain public. Pierre Janrat, câĂ©tait le nom de ce personnage, Ă©crivait pour tous ceux qui ne savaient pas Ă©crire, et leur prĂȘtait, moyennant quelques sous, sa plume, son style, son Ă©loquence. Ce mĂ©tier, qui consistait Ă vivre de lâignorance dâautrui, Ă©tait assez lucratif Ă une Ă©poque oĂč le nombre des ignorants Ă©tait fort grand parmi les gens du peuple ; aussi, autant la boutique du pĂątissier Ă©tait dĂ©serte, autant lâĂ©choppe de lâĂ©crivain Ă©tait frĂ©quentĂ©e. Un jour, une cuisiniĂšre Ă la recherche dâune place, ayant voulu sâadresser Ă Janrat, ne le trouva point dans son Ă©choppe ; apercevant CrĂ©pon sur la porte de sa boutique, elle lui demanda si lâĂ©crivain rentrerait bientĂŽt, CrĂ©pon rĂ©pondit Vous me demandez, cuisiniĂšre,Quand mon voisin Pierre Janrat,Dans son Ă©choppe rentrera,Quand rentrera mon voisin Pierre ? Mais je vous dĂ©clare, ma chĂšre,Que je ne sais rien de cela,Et que, sur cet article-lĂ ,Je suis dâune ignorance entiĂšre. CâĂ©tait la premiĂšre fois de sa vie que la cuisiniĂšre entendait un semblable langage ; aussi, resta-t-elle Ă©bahie devant CrĂ©pon, qui continuait de lui parler sur le mĂȘme ton, sans plus hĂ©siter que sâil se fĂ»t agi de lui dire tout simplement bonjour ou bonsoir. Dans sa surprise, elle ouvrait de si grands yeux et une si grande bouche que le pĂątissier, croyant quâelle avait faim, changea tout Ă coup de sujet et fit Ă la cuisiniĂšre les offres les plus sĂ©duisantes Jâai des tartes et des galettes,Des pĂątĂ©s chauds, des pĂątĂ©s froids,Des tourtes, vrai manger de rois,Des croquets, manger de fillettes ;Jâai des massepains Ă©chaudĂ©s bons pour les dents,Des biscuits tout sucre et tout crĂšme,Des brioches que chacun mangez ; je suis CrĂ©pon,PĂątissier du roi du Japon. Le roi du Japon arrivait lĂ pour rimer avec CrĂ©pon, et lâĂ©numĂ©ration tout entiĂšre nâĂ©tait en rĂ©alitĂ© quâune licence poĂ©tique. Mais la cuisiniĂšre qui ne connaissait ni les exigences de la rime, ni les licences de la poĂ©sie, prit Ă la lettre la tirade de CrĂ©pon, et se figura quâil fournissait de pĂątisserie quelque table royale. Elle entra donc avec empressement dans la boutique ; mais, hĂ©las ! quelle dĂ©ception ! Au lieu de toutes les friandises annoncĂ©es, elle ne trouva que quelques rares croquets, aussi durs que les planches sur lesquelles ils semblaient avoir Ă©tĂ© depuis longtemps oubliĂ©s. Au clair de la lune. Estampe publiĂ©e dans La Musique populaire du 2 fĂ©vrier 1882 Elle allait peut-ĂȘtre demander au pĂątissier si câĂ©tait le roi du Japon qui avait tout mangĂ© ; mais CrĂ©pon ne lui en laissa pas le temps, et par une tirade que la tradition ne nous a pas conservĂ©e, il lui demanda quelle affaire lâamenait chez son voisin Pierre. Elle rĂ©pondit que, se trouvant sans place, elle Ă©tait venue prier lâĂ©crivain de lui dresser une liste des maĂźtres avait servis, afin de pouvoir montrer celte liste, comme moyen de renseignements, aux personnes chez qui elle se prĂ©senterait. Ă lâinstant mĂȘme, CrĂ©pon prit un morceau de papier, sur lequel il Ă©crivit, dâaprĂšs quelques dĂ©tails que lui donna la cuisiniĂšre Demoiselle CatherineSachant faire la cuisine,Blanchir, coudre, et cĂ©tĂ©ra,A servi seize semainesChez le prĂ©sident de Mesmes,Chez les marquis par douzaines,Chez le conseiller Bura,Et chez Clair, marchand de personnes fort honnĂȘtes,De sa rare probitĂ©Et de son talent marquĂ©,Ont Ă©tĂ© trĂšs satisfaites,Comme sâen assureraQuiconque leur parlera. CrĂ©pon fit comprendre Ă la cuisiniĂšre que les marquis par douzaines imaginĂ©s par lui Ă©taient de ces fictions que la poĂ©sie autorise, et Catherine, pĂ©nĂ©trĂ©e dâadmiration pour lâauteur de la piĂšce remarquable dont elle se trouvait en possession, se mettait en devoir de payer gĂ©nĂ©reusement, lorsque lâhonnĂȘte pĂątissier dĂ©clara quâil nâaccepterait rien, et quâil travaillait uniquement pour la gloire. Ce trait porta au comble lâadmiration et la reconnaissance de Catherine, et, comme elle produisait trĂšs facilement, non pas des vers, mais de la prose, la renommĂ©e de CrĂ©pon poĂšte, de CrĂ©pon Ă©crivain, surtout de CrĂ©pon travaillant pour la gloire, fut, avant la nuit, rĂ©pandue dans tout le quartier et au delĂ , et, dĂšs le lendemain, des clients commencĂšrent Ă affluer vers la pĂątisserie, transformĂ©e en bureau de rĂ©daction. Point nâest besoin de dĂ©peindre lâĂ©tonnement quâĂ©prouva dâabord Janrat en voyant de nombreuses pratiques arriver Ă la file chez le pĂątissier si longtemps oubliĂ© du public, et la colĂšre qui succĂ©da Ă cet Ă©tonnement, lorsquâil comprit que cette vogue de CrĂ©pon Ă©tait obtenue Ă son dĂ©triment, et que la pĂątisserie faisait concurrence Ă lâĂ©choppe. Mais, plus tard, quand il sut que CrĂ©pon exerçait gratis son nouveau mĂ©tier, sans mĂȘme se faire payer le papier quâil employait, il demeura plus que jamais convaincu que cet homme nâĂ©tait quâun fou, qui ne tarderait pas Ă mourir de misĂšre et de faim, et il se consola charitablement dans lâattente de cette conclusion, quâil regardait comme inĂ©vitable. Il est vrai que CrĂ©pon, aprĂšs avoir subsistĂ© quelque temps en vendant piĂšce Ă piĂšce son matĂ©riel de pĂątissier, se vit rĂ©duit, un jour que la faim le pressait, Ă vendre jusquâĂ son canif, la seule piĂšce de son matĂ©riel dâĂ©crivain dont il pĂ»t tirer quelques sous, et, aprĂšs avoir accompli ce dernier et douloureux sacrifice, Ă bout de ressources, nâayant rien pour lui, ne pouvant plus rien pour les autres, il se coucha pour essayer de trouver dans le sommeil un moment de rĂ©pit Ă ses cruelles souffrances. Mais ceux Ă qui le sommeil serait le plus nĂ©cessaire pour suspendre un peu leurs peines sont dâordinaire ceux quâil visite le moins. Le malheureux CrĂ©pon se retournait depuis prĂšs de deux heures dans son lit sans pouvoir fermer ses paupiĂšres brĂ»lantes, ni Ă©carter les sinistres pensĂ©es qui lâobsĂ©daient lorsquâil entendit frapper Ă sa porte. Qui est lĂ ? » cria-t-il du fond de son alcĂŽve. Et une voix dâenfant, dâun timbre fort doux, lui rĂ©pondit en un jargon moitiĂ© italien, moitiĂ© français, Ă peine intelligible Mossiou lo scrivano poublic, aprile-moi la vostra porla, si ça vous plaĂźt. » Au clair de la lune. Chromolithographie publicitaire du XXe siĂšclepour le chocolat Debauve et Gallais CrĂ©pon, pendant quâil sâhabillait Ă la hĂąte, entendit dans la rue les sons dâune mandoline, et, lorsquâil eut ouvert la porte, il vit un enfant de treize Ă quatorze ans qui, avec beaucoup dâaisance, promenait son archet sur un petit violon dans le genre de ceux dont se servent les maĂźtres de danse. Lâenfant salua le bonhomme avec beaucoup de grĂące, et sâempressa de lui conter, dans le baragouin dont nous avons donnĂ© tout Ă lâheure un Ă©chantillon, quâil Ă©tait employĂ© comme marmiton dans les cuisines de Mlle de Montpensier, la cousine germaine du roi Louis XIV, mais que cet Ă©tat lui dĂ©plaisait cruellement et que, depuis longtemps, il serait mort dâennui sâil ne fĂ»t parvenu Ă se procurer une mandoline, son unique consolation ; mais que, sa passion pour la musique devenant de plus en plus irrĂ©sistible, il venait prier mossiou Io scrivano poublic de lui rĂ©diger un placet, dans lequel Mlle de Montpensier serait suppliĂ©e de daigner lui accorder une position qui lui permĂźt de se livrer sans obstacle Ă son goĂ»t pour la musique et de cultiver ce quâil croyait pouvoir appeler son talent. Le bon pĂątissier Ă©couta avec un vif intĂ©rĂȘt le discours de lâenfant ; mais, faisant bientĂŽt un triste retour sur lui-mĂȘme, et se rappelant lâabsolu dĂ©nuement oĂč il se trouvait, il sâĂ©cria douloureusement HĂ©las ! mon petit Ă©tranger,Je nâai ni plume, ni papier,Ni quoi que ce soit pour vous faireVotre requĂȘte Ă©pistolaire ;Mais peut-ĂȘtre bien que JanratPlume et papier me prĂȘtera. On sera peut-ĂȘtre surpris que CrĂ©pon songeĂąt Ă recourir Ă un homme que nous avons vu si mal disposĂ© Ă son Ă©gard, mais, depuis que Janrat avait reconnu que son pauvre voisin nâĂ©tait pas pour lui un concurrent dangereux, il avait cessĂ© dâavoir Ă son Ă©gard des sentiments de haine, et se contentait de diriger contre lui toutes sortes de plaisanteries, tantĂŽt sur les pĂątĂ©s dont il ornait son Ă©criture, tantĂŽt sur les brioches quâil introduisait dans son orthographe ou dans son style, au lieu dâen mettre dans son four. On assure mĂȘme que câest par suite de ces plaisanteries de Janrat, que ces expressions empruntĂ©es au vocabulaire de la pĂątisserie ont Ă©tĂ© employĂ©es dans des acceptions toutes diffĂ©rentes. Quoi quâil en soit, CrĂ©pon, en supportant les plaisanteries de son voisin avec beaucoup de douceur et de bonhomie, avait dissipĂ© le nuage qui sâĂ©tait un moment Ă©levĂ© entre eux, et se croyait assez avant dans ses bonnes grĂąces pour pouvoir espĂ©rer que celui-ci ne lui refuserait pas le lĂ©ger service quâil allait lui demander. Malheureusement, Janrat Ă©tait dĂ©jĂ couchĂ© et probablement endormi ; car, grĂące Ă un petit magot amassĂ© sou par sou, il Ă©tait Ă lâabri des inquiĂ©tudes qui Ă©loignaient le sommeil des yeux de son pauvre voisin. CrĂ©pon frappa un petit coup Ă la porte Voisin Janrat ». Janrat ne rĂ©pondit pas. CrĂ©pon frappa un peu plus fort Voisin Pierre ! » Personne ne bougea dans lâĂ©choppe. CrĂ©pon frappa deux coups de suite, en disant Mon cher Pierrot ! » Il lui sembla alors entendre un petit bruit, et il se dit tout bas Cher Pierrot ! ce petit mot dâamitiĂ© lui a fait plaisir et il va mâouvrir. » Quelque chose sâouvrit, en effet ; mais, au lieu de la porte, ce fut une sorte de fenĂȘtre ou plutĂŽt de lucarne, qui se trouvait au-dessus, el dâoĂč Janrat cria dâun ton de mauvaise humeur Que me voulez-vous donc Ă une pareille heure ? » CrĂ©pon rĂ©pondit Je voudrais, si cela vous plaĂźt,Ăcrire un illustre vent a soufflĂ© tout Ă lâheureMa chandelle, et, dans ma demeure,Je nâai trouvĂ©, croyez-le bien,Ni plume, ni feu, ni rien. Je le crois aussi, dit Janrat, mais laissez-moi dormir, et allez vous promener. » Et, sâil ne referma pas aussitĂŽt la fenĂȘtre, ce fut parce que le petit musicien avait Ă©veillĂ© son attention. Le pĂątissier CrĂ©pon sâadresse en vers Ă lâĂ©crivain public Pierre Janratet est rejoint par le jeune Lulli. Illustration publiĂ©edans Les lĂ©gendes de lâart. Musiciens, paru en 1896 En ce moment, un nuage qui, depuis quelque temps, voilait la lune, sâĂ©cartait, et la reine des nuits brilla dâune vive lumiĂšre qui sembla ranimer le gĂ©nie poĂ©tique de CrĂ©pon ; car, prenant une pose presque tragique, il dit dâune voix lente et solennelle Au clair de la lune,Mon ami Pierrot,PrĂȘte-moi ta plumePour Ă©crire un mot,Ma chandelle est morte,Je nâai plus de feu ;Ouvre-moi ta porte,Pour lâamour de Dieu. Le pauvre poĂšte avait dit ce vers avec une Ă©motion si vraie, quâil sentit deux larmes humecter ses yeux, et il les essuya avec un coin de son tablier ; car il portait encore, par habitude, cet ancien insigne de sa profession. Mais ses tabliers se ressentaient naturellement de sa dĂ©cadence gĂ©nĂ©rale, et celui quâil avait pris Ă tĂątons en accourant Ă lâappel du petit Italien avait dans le milieu un trou Ă©norme que le malicieux Janrat vit parfaitement, Ă la faveur du clair de lune. Ne pouvant rĂ©sister Ă la tentation de plaisanter lĂ -dessus son pauvre voisin, il lui envoya par la fenĂȘtre cette mĂ©chante rĂ©ponse, qui pĂ©chait contre la rime, non moins que contre les rĂšgles de lâobligeance et du bon voisinage Je nâouvre pas ma porteA un pĂątissier,Qui porte la luneDans son tablier. Et il observait, en poussant de gros Ă©clats de rire, lâair stupĂ©fait du pĂątissier, cherchant piteusement dans son tablier lâexplication des cruelles paroles quâil venait dâentendre. Mais le petit Italien, sâapprochant vivement de CrĂ©pon et lui prenant la main dâun air caressant â Mossiou, mossiou, sâĂ©cria-t-il, ricominciate la canzone ! ricominciate lĂ© parolĂ© Aou clair di la louna.â Volontiers, dit CrĂ©pon, si je puis me les rappeler. Et, les ayant retrouvĂ©es, non sans quelque effort, il les rĂ©pĂ©ta. Quand il eut achevĂ©, le petit musicien, qui, pendant ce temps sâĂ©tait exercĂ© Ă un petit bruit, exĂ©cuta avec beaucoup de brio, un air simple et mĂ©lancolique, si bien adaptĂ© aux vers de CrĂ©pon, que celui-ci, tout naturellement, se mit aussitĂŽt Ă les chanter sur cet air, accompagnĂ© par lâinstrument du petit Italien. Ce chant, exĂ©cutĂ© au milieu du silence de la nuit et Ă la clartĂ© dâune lune splendide, fit une telle impression sur quelques voisins que le bruit avait attirĂ©s Ă leurs fenĂȘtres, et sur Janrat lui-mĂȘme, que tous se mirent Ă chanter en chĆur et plusieurs fois de suite la chanson qui ainsi, Ă peine improvisĂ©e, devenait populaire. BientĂŽt, le petit Italien, dâune main agitant son violon au-dessus de sa tĂȘte, en signe de joie, glissa de lâautre, dans la poche du pĂątissier-poĂšte, quelques piĂšces de menue monnaie, et, comprenant sans doute quâil Ă©tait en retard, sâenfuit Ă toutes jambes. Le lendemain matin, le mĂȘme enfant reparut chez CrĂ©pon, quâil pria de lui donner par Ă©crit les paroles de la nuit prĂ©cĂ©dente, et, comme il avait prĂ©vu lâembarras oĂč sa demande pourrait jeter le pauvre rimeur, il lui remit une petite bourse renfermant quelques piĂšces blanches. CrĂ©pon, transportĂ© de joie, courut bien vite acheter papier, plumes, encrier et canif, et, promptement de retour, se mit Ă Ă©crire en sâappuyant, faute de table, sur le bord de sa fenĂȘtre, ses vers de la nuit prĂ©cĂ©dente, quâil ne pouvait sâempĂȘcher de chanter Ă mesure quâil les transcrivait. Janrat, ayant aperçu le petit musicien, vint, attirĂ© par la curiositĂ©, et, voyant de quoi il sâagissait, il dit Ă lâenfant â Monsieur veut-il aussi le couplet que jâai fait en rĂ©ponse Ă mon ami ?â No, no, dit lâItalien, je ne voglio pas la riposta. Et il partit emportant seulement le couplet du bonhomme CrĂ©pon, qui triomphait du refus essuyĂ© par Janrat. La tradition, moins sĂ©vĂšre que le petit musicien, nous a pourtant conservĂ© lâĆuvre de Janrat, laquelle franchement ne le mĂ©ritait guĂšre, ni par le fond ni par la forme. Un mois sâĂ©tait Ă peine Ă©coulĂ© depuis cette aventure, lorsquâun jeune page de la cour entra dans la boutique de CrĂ©pon en fredonnant Au clair de la lune,Mon ami Pierrot. Ce page nâĂ©tait autre que le petit marmiton-musicien. Il avait de lâor sur toutes les coutures ; nĂ©anmoins CrĂ©pon le reconnut Ă lâinstant, et lui demanda avec intĂ©rĂȘt la cause de sa nouvelle fortune. Le page lui sauta au cou et lui dit en lâembrassant, que sa fortune, il la devait Ă lui CrĂ©pon, et Ă sa chanson du Clair de la lune. Le bonhomme ne pouvait revenir de son Ă©tonnement ; alors le page lui raconta que, dĂšs quâil avait eu la prĂ©cieuse chanson, il lâavait apprise Ă ses camarades dans les cuisines, oĂč elle avait eu un tel succĂšs, que bientĂŽt tout le monde, depuis le chef jusquâaux derniers gĂąte-sauces, sâĂ©tait mis Ă la chanter en chĆur ; que ce chant Ă©tait parvenu aux oreilles de Mlle de Montpensier, qui lâavait trouvĂ© de son goĂ»t, et que, cette princesse apprenant que lâair avait Ă©tĂ© composĂ© par un de ses gens, avait ordonnĂ© Ă son maĂźtre dâhĂŽtel de le lui amener avec sa mandoline ; quâaprĂšs avoir exĂ©cutĂ© devant cette princesse lâair du Clair de la lune, avec de nombreuses variations, et jouĂ© tout ce quâelle avait daignĂ© lui ordonner, la voyant bien disposĂ©e en sa faveur, il sâĂ©tait mis Ă genoux devant elle, et lui avait adressĂ© de vive voix la supplique quâil avait eu la pensĂ©e de faire Ă©crire par CrĂ©pon, et que la princesse, accueillant gracieusement sa priĂšre, avait ordonnĂ© quâon le mĂźt au nombre de ses pages ; que, pour lui, il nâoublierait jamais la part quâavait eue CrĂ©pon dans cette fortune inespĂ©rĂ©e, quâil serait toujours son ami, et quand il le pourrait, son protecteur, et quâen attendant, il lui apporterait chaque mois, pour lâaider Ă vivre, ce dont il pourrait disposer ; en consĂ©quence, il lui mit dans la main, une belle piĂšce dâor. Lulli enfant. Bronze Ă patine polychrome, par Adrien Gaudez 1845-1902.© CrĂ©dit photo Expertissim Exprimer la joie et la reconnaissance du pauvre CrĂ©pon, dĂ©peindre son attendrissement, ses transports, serait chose difficile. Du reste, sa joie Ă©tait fondĂ©e, aussi bien que sa reconnaissance ; car son jeune protecteur devint le cĂ©lĂšbre Lulli, et bien des annĂ©es aprĂšs lâĂ©poque Ă laquelle correspond notre histoire, lorsque Lulli fut devenu un riche et important personnage, on voyait chez lui, avec le titre honorifique de maĂźtre dâhĂŽtel, un bon vieillard qui lui parlait presque toujours en rimes. Un jour ce vieillard lui disait Monsieur Lulli, vous ĂȘtes bienLe plus fameux musicienEt le plus grand homme de bienQue dans tout Paris je me soignez dans ma vieillesseEt vous souffrez patiemmentQue je vous parle Ă tout momentDes choses de votre jeunesse. On comprend que le vieux maĂźtre dâhĂŽtel nâĂ©tait autre que notre ami le pĂątissier-rimeur, et les choses de la jeunesse de Lulli, dont il aimait Ă rappeler le souvenir, câĂ©tait sans doute lâhistoire mĂȘme que nous venons de raconter.
Danseen cercle. France. Ah ! Si mon moine voulait danser ! Chanson enfantine. Canada. Ah ! Vous dirai-je Maman. Chanson enfantine.
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FrĂ©dĂ©riqueHoschedĂ© naĂźt le jour de la FĂȘte Nationale en 1953. DorothĂ©e prend des cours de danse et de piano, avant d'ĂȘtre Ă©blouie par les dĂ©buts du rock et de la pop. C'est au théùtre que la future DorothĂ©e est remarquĂ©e par Jacqueline Joubert - mĂšre d'Antoine de Caunes - en 1971. Devenue dĂ©finitivement DorothĂ©e, elle dĂ©bute Ă la tĂ©lĂ©vision en 1973
Oh grand Saint Nicolas, patron des Ă©coliers,Apportez-moi du sucre dans mes petits serai toujours sage comme un petit mouton,Je dirai mes priĂšres pour avoir des bonbonsVenez, venez, Saint NicolasVenez, venez, Saint NicolasVenez, venez, Saint Nicolas, tralalala. Grand Saint-Nicolas, patron des Ă©coliers, apportez-moi des pommes des noix dans mes souliers. Je serai toujours sage comme un petit mouton Je dirai ma priĂšre pour avoir des bonbons. Venez, venez Saint-Nicolas Venez, venez Saint-Nicolas Au clair de la lune Grand Saint Nicolas LĂ haut sur la lune fait des chocolats MĂźtre sur la tĂȘte et crosse Ă son bras c'est toujours la fĂȘte quand il vient chez moi. Saint Nicolas mon patron, apporte-moi des bonbons, des mirabelles pour les demoiselles, des macarons pour les garçons. Vive Saint Nicolas!De belles fĂȘtes Ă tous et Ă toutes!
7YOcgac. 119 219 54 66 272 265 331 309 315